Alimentation du cheval : un fourrage adapté pour un mental apaisé.

Forage (and Friends and Freedom).

Les 3F est un acronyme facile à retenir et définissant les besoins fondamentaux des chevaux. En résumé : ces derniers ne peuvent pas vivre seuls (friends), doivent manger du fourrage en suffisance (forage) et doivent pouvoir se déplacer à leur convenance (freedom).

Les besoins fondamentaux sont les besoins propres à la biologie de l’espèce. Ils sont définis par ce que l’on appelle un éthogramme, issu de l’observation de l’animal dans son environnement naturel.(1)
Ces besoins sont incompressibles, non modifiables et leur non-respect aura des conséquences physiques et psychiques à court, moyen et/ou long terme.

Aussi, il convient de respecter ces 3F !
Cependant, la réalité s’avère souvent plus complexe qu’un simple acronyme.
Dans ma pratique, je rencontre souvent des responsables d’équidés qui me disent :

 » Tout est respecté et pourtant ça ne va toujours pas ! « 

C’est pourquoi je vous propose cette série d’articles afin d’ouvrir des pistes de réflexion.
En effet, ce n’est pas toujours simple de trouver des solutions, et que les chevaux nous conduisent à une remise en question perpétuelle … mais ô combien passionnante !

Forage : fourrage à volonté !

Les équidés ont un système digestif adapté à la métabolisation de fourrages dits « grossiers », c’est-à-dire relativement pauvres en énergie en comparaison de leur volume. En d’autres termes, ils doivent manger beaucoup et longtemps.
Des années durant, et jusqu’il y a encore environ une dizaine d’années, la question du fourrage et de l’alimentation adaptée se posait moins, chez les chevaux de sport notamment, car les conditions de vie des équidés et l’absence de prise en compte de l’approvisionnement en foin ne le permettaient que difficilement.
Aujourd’hui, les connaissances en nutrition se sont démocratisées, et ont pris une véritable place dans la prise en charge globale des équidés. Toute personne un minimum avertie sait maintenant que du « foin à volonté », c’est la possibilité de manger en continu, à toute heure du jour et de la nuit.

Le cheval n’ayant pas de vésicule biliaire, il sécrète de la bile en continu, aussi il ne peut pas rester longtemps à jeun, au risque de créer des lésions gastriques à cause de la sécrétion de bile ! Rester à jeun ou ingérer trop de céréales (voir le fonctionnement de l’appareil digestif dans le Wolter, réf en bibliographie) crée à court terme une dysbiose intestinale acidifiante qui impacte tout le système.

L’acidification générale de l’organisme est un cofacteur important dans des problèmes de santé divers et variés, allant de la sensibilité épidermique à la fourbure.
En énergétique chinoise, tout est lié : une cause externe peut affecter l’organisme, mais également l’émotionnel. Et réciproquement, l’émotionnel impacté va alimenter le déséquilibre créé.
Dans le cas des troubles ayant pour origine l’alimentation non-adaptée, ou le défaut d’alimentation, il convient de travailler sur les différents aspects pour espérer une amélioration durable.

L’impact physiologique d’une alimentation a des conséquences également émotionnelles !

La nourriture est directement liée à la survie. Elle est donc un enjeu majeur pour le cheval !

Manque de nourriture et mise à jeun : l’exemple de la fourbure.

Dans le cas des fourbures métaboliques, le déclenchement est dû à une alimentation trop riche. L’explication : le cheval est sensible à une alimentation trop riche, son organisme ne peut pas faire face.
L’approche énergétique nous invite à aller un peu plus loin dans la réflexion : il y a une crise métabolique, du fait d’une dysbiose qui ne permet plus à l’intestin de métaboliser correctement l’alimentation (alimentation non adaptée car trop éloignée du fourrage grossier indiqué), d’une part.
D’autre part, émotionnellement parlant, on est sur la sphère digestive, du nourrissage, physique et symbolique.
La crise est-elle due seulement à ce facteur ponctuel externe ou alors est-ce que ce ne serait pas une accumulation de déséquilibres qui ont accru la vulnérabilité du cheval à une alimentation trop riche ?
Bien sûr, il y a tous les syndromes,( SME, Cushing, PSSM, etc.) qui expliquent le phénomène dans bien des cas. Mais sont-ils à eux seuls responsables de toutes les crises ?
Si l’on ne fait pas une analyse du « terrain », on peut passer à côté de cofacteurs qui pourraient avoir un impact non négligeable.

L’élément de la Terre : nourrir et digérer !
Est-ce que physiquement l’animal a manqué ce qui a crée une anxiété due au manque ?(déséquilibre Terre et particulièrement méridien de l’Estomac et de Rate/Pancréas).
Ou alors est-ce qu’il n’a pas pu nourrir ? (fausse couche, perte de poulain).
Est-ce qu’il a été nourri émotionnellement ? ( sevrage précoce, changements constants de lieu de vie, de copains).
Ne pas prendre en compte ce paramètre et mettre à jeun un animal qui doit avoir en permanence du fourrage dans l’estomac renforce le risque d’ulcères gastriques, or l’inconfort gastrique, ainsi que la privation … renforcent l’anxiété !! Surtout s’il est en plus isolé, du fait de la gestion alimentaire
(et je n’évoque pas ici l’anxiété du responsable de l’équidé, avec les conséquences sur l’équidé et la relation).
On rentre alors dans un cercle vicieux qui peut durer longtemps …

Prendre soin de la Terre : pour un cheval serein.
On ne peut pas espérer une véritable résilience sans prendre en compte l’émotionnel !
Prendre soin de la Terre, c’est prendre en compte l’alimentation, qu’elle soit adaptée aux besoins et à la physiologie de l’espèce. Donner des concentrés en trois repas n’a jamais raccourci l’intestin du cheval ni ne l’a rendu plus apte à digérer de grandes quantités d’amidon.
C’est aussi nourrir émotionnellement et affectivement : des jeux, de l’affection, des copains avec lesquels il peut développer de véritables relations de cœur. (2)
C’est aussi accompagner les événements qui sont impactants au niveau émotionnel comme la perte de poulain, le deuil, la séparation. Le shiatsu est une aide précieuse pour aider à réguler les émotions et à mieux vivre les étapes difficiles.

Sur cette photo, ce n’est pas la ponette au premier plan qui a été impactée par la fourbure, mais la deuxième, la grise. Dans la prise en charge globale (vétérinaire, phytothérapie, parage adapté puis ostéo et shiatsu) la composante émotionnelle a été déterminante. Elle a quitté un groupe non adapté pour se retrouver en trio harmonieux avec de vraies relations d’amitié.

Le bonheur est dans la haie !

Et si la diversité alimentaire était une clé du bien-être psychologique ?

On a l’habitude de voir nos chevaux brouter dans leur pâture, en se disant que leur confort intestinal et leur besoin de mastication est comblé.
Mais toutes les pâtures se valent-elles ? Et si je me dis que mon cheval a besoin d’une alimentation variée, est-ce que je ne fais pas de l’anthropomorphisme ?

Les équidés sont des nomades, qui à l’état naturel ne connaissent pas les clôtures. Ils se déplacent sur de très grands espaces et ont donc accès à une très grande variété de végétaux, poussant sur une grande diversité de sols.
La qualité du sol a un impact sur le goût et la richesse en oligo-éléments et minéraux de la plante (grâce aux champignons et bactéries symbiotes ou alors dans la teneur en minéraux du sol même, entre autres).

Or, dans une pâture occupée plusieurs mois d’affilée, et encore plus s’il y a surpâturage ou s’il s’agit d’une ancienne pâture de vaches/ moutons, ou encore une ancienne parcelle cultivée, il y a une forte probabilité que la végétation soit assez pauvre, que ce soit en diversité ou en qualité micro-nutritionnelle.
La qualité du foin est alors très importante. Cependant, le foin ne comblera pas le besoin de recherche alimentaire et de sélection qui permet à votre cheval de développer et d’utiliser sa psychomotricité naturelle.
Or utiliser ses facultés cognitives de recherche et de discrimination visuelles, tactiles et olfactives permet de les stimuler. En gros, cela aide à développer l’intelligence du cheval !

Un des moyens de proposer à votre cheval de la recherche autonome de nourriture est donc d’offrir des sources d’alimentation plus variées.
Planter des haies fourragères : en mettant des arbres et arbustes dont les équidés peuvent se nourrir, on augmente la diversité alimentaire et la possibilité d’automédication ( saule blanc par ex).
Un autre moyen est également de laisser un peu de ronces ( gratte-culs, mûres et feuilles de ronces sont délicieux).
Et aussi, proposer des balades gustatives dans lesquelles le cheval pourra brouter de nouvelles plantes, et nous on pourra observer ce vers quoi il va préférentiellement, selon la saison et l’endroit.

📷La haie fourragère, une oubliée à réhabiliter !

(1).  L’éthogramme représente la base de la recherche en éthologie. Il est important de pouvoir dresser un inventaire des comportements d’une espèce avant de pouvoir analyser les comportements individuels. 
https://www.osi-panthera.org/Comment-construire-un-ethogramme.html?lang=fr#slogan

(2) Voir l’article associé sur les relations sociales :
https://sohorseandbalance.fr/jamais-sans-mes-potes-les-3f-en-question/

Conseils de lecture :



Le Wolter réactualisé (éd. 2014):
https://www.editions-france-agricole.fr/livres-et-ebooks/elevage/equin/l-alimentation-du-cheval.html

Hippothèses : Se nourrir… Etre nourri… 
https://www.ohm-bioalternatives.com/hippotheses-1-et-2-livres-deric-ancelet/

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