Vue, toucher, ouïe, goût, … odorat !
Les chevaux se servent de tous leurs sens, et reçoivent des informations de l’environnement sous forme de sons, de vibrations, de mouvements, … et d’odeurs !
Aussi, le cheval est extrêmement sensible au moindre changement dans son environnement.
Et loin d’être un handicap, cette capacité à recevoir et traiter toutes les informations de l’environnement est une compétence de survie inestimable.
Et, au-delà de la survie, cette sensibilité sensorielle et émotionnelle lui permet, dans un environnement suffisamment préservé, de vivre avec ses congénères des relations paisibles et sécurisantes.
Anatomie de l’odorat.
Tout comme la vue, l’odorat est un sens majeur pour le cheval. Il n’y a qu’à regarder la taille des naseaux et leur position pour s’en convaincre.
Grâce à ces naseaux, le cheval peut inhaler une grande quantité d’air, et leur situation de part et d’autre du bout du nez lui permet de localiser plus facilement la source d’une odeur (on parle de « stéréo-olfaction« ).
En outre, son cerveau est doté d’un un bulbe olfactif principal très volumineux.
Le flehmen (retroussement de la lèvre supérieure tout en humant l’air) permet l’analyse des grosses molécules type phéromones, analysées par l’organe voméronasal (ou organe de Jacobson). Cet organe est quant à lui relié au bulbe olfactif accessoire.(1)
En Energétique Traditionnelle Chinoise, l’odorat est le sens lié à l’élément du Métal. Un naseau souple et bien ouvert reflète un Métal bien équilibré, une capacité respiratoire optimale (le cheval ne respirant pas par la bouche).
Le cheval possédant plusieurs bulbes olfactifs, l’exposition au quotidien à une grande vérité d’odeurs participera à la stimulation de ces zones cérébrales, et donc au développement et à la préservation de ses capacités cognitives.
L’odorat dans le quotidien et les relations sociales.
L’odorat, en association avec les autres sens, joue un grand rôle dans le quotidien du cheval.
En effet, c’est avant tout grâce à l’odeur que le cheval arrive à discriminer les plantes bénéfiques et savoureuses pour lui et à dédaigner les autres. Cela lui permet aussi d’explorer son environnement et de se familiariser avec tout objet ou individu nouveau.
Le flairage mutuel est utilisé à chaque nouvelle rencontre d’un congénère. La mère flaire longuement son nouveau-né juste après la mise-bas afin de pouvoir le reconnaître parmi les autres poulains, notamment pour l’autoriser à téter. Le flairage des crottins permet également de reconnaître le statut social et le sexe d’un congénère. (1)
L’odorat joue aussi un rôle dans la communication : outre les signaux visuels, très importants, et les signaux sonores, moins utilisés, les signaux olfactifs ont une place significative dans « la reconnaissance mutuelle, c’est-à-dire l’identification précise du partenaire ».
L’odorat du cheval est en outre « assez sensible aux états émotionnels de ses congénères« (3)
L’odorat dans les stratégies de survie.
L’odorat joue un rôle inné dans la reconnaissance des prédateurs.
Cependant, plusieurs autres facteurs entrent en jeu.
En effet, lors d’une étude datant de 2008, des chercheurs danois ont exposé des cohortes de poulains de 2 ans (provenant d’un même élevage) à divers stimuli, dont :
1) des odeurs d’urine de loups et de lions,
2) des odeurs de sang de congénères morts et des odeurs prélevées sur de la fourrure de loup,
3) un stimulus auditif (bruit soudain de sac plastique) en présence ou non d’odeur prélevée sur de la fourrure de loup.
Les auteurs concluent que les odeurs de prédateur en soi ne constituent pas une source de stress, mais qu’elles participent à augmenter la vigilance des chevaux.
Et effet, c’est combinées à un facteur déclenchant, comme le bruit soudain de sac plastique, qu’elles ont provoqué l’activation du système sympathique (fight or flight *).
Les auteurs de l’étude proposent une explication intéressante à ce phénomène : dans la nature, les proies vivant en constante proximité avec les prédateurs économisent leur budget-temps en terme de réaction de défense.
Ils ne réagissent au danger que lorsque les indices de menaces sont suffisamment significatifs, consacrant le reste de leur temps à des occupations essentielles non-liées à l’auto-défense.(2)
* l’activation du système sympathique face à une menace prépare le corps à une réponse rapide, d’attaque ou de fuite selon l’animal et le contexte.
Sentir et ressentir
La perte de l’odorat s’appelle l’anosmie. L’anosmie est responsable de la perte de l’appétit ainsi que de la joie de vivre, et chez les humains c’est un sujet sérieux.
Chez le cheval, les troubles de l’odorat ne sont pas documentés à ma connaissance, sauf en cas de pathologie respiratoire, ce qui fait qu’on peut difficilement faire le lien avec un éventuel abattement émotionnel.
En Energétique Chinoise Traditionnelle, la respiration est indispensable au bon fonctionnement du Poumon et du Gros Intestin. Si le méridien du Poumon est affecté par la tristesse, réciproquement, un déséquilibre de ce méridien est à l’origine d’une tristesse chronique, qui ressemble fort à l’abattement émotionnel. Même chose avec le Gros Intestin, lié à une dépression et une incapacité à ressentir du plaisir et de la joie.
Aussi, s’assurer que le cheval a accès à suffisamment de stimulation olfactive est un gage de joie et d’équilibre émotionnel.
On peut veiller à ce que son environnement accueille la plus grande diversité végétale possible, et également planter des aromates. Au printemps, les fruitiers et autres arbustes produiront des fleurs, et des fruits odorants.
Des stimulations olfactives sous forme de jeu (bonbons ou carottes cachées), ainsi que la découverte de nouveaux environnements, avec des animaux ou humains nouveaux (dans un contexte sécurisant, sans mise en danger) stimuleront ses capacités olfactives et de fait, cognitives.
La joie (Feu) étant liée à la stimulation sensorielle et cognitive (Shen ou intelligence du cœur), elle aidera à équilibrer le Métal (le Feu contrôle le Métal), et participera à l’harmonie énergétique globale du cheval.
(1) Léa Lansade, Dans la tête d’un cheval, éd. humenSciences, 2023.
(2) Christensen J.W. et Rundgreen M. Predator odour per se does not frighten domestic horses, Applied Animal Behaviour Science, 2008.
(3) M-A. Leblanc, M-F Bouyssou, F. Chéhu, Cheval, qui es-tu ? L’éthologie du cheval, du comportement naturel à la vie domestique, éd Vigot, 2004.